J'ai été élevée selon le principe qu'il fallait sauvegarder nos apparences nobles et que les gens n'avaient pas à savoir ce qu'il se passait à l'intérieur de notre maison. La famille était déjà tombée assez bas quand cet ancêtre avait fait perdre le titre de sang-pur à notre nom en se mariant avec une sang-mêlée. Et la frustration de cette perte s'est transmise de générations en générations, jusqu'à mes parents. J'ai donc grandi quasiment enfermée dans un grand manoir, sortant uniquement pour accompagner mes parents à des espèces de réceptions de sorciers mondains, et apprenant à quel point il était important de faire bonne figure le reste du temps.
Quand j'y repense, je me dit que c'est probablement à cause de ça que je suis devenue ce que je suis aujourd'hui. A force d'entendre comment faire et de voir mes parents jouer les hypocrites, j'ai appris. Je suis restée silencieuse pendant tout ce temps, mais je peux vous jurer que je pensais très fort.
Ne pensez pas que j'ai pris mes parents pour des modèles, bien au contraire. Je méprisais cet entêtement à propos de l'image de la famille, de l'avis des gens de la "haute société". Et je les trouvais vraiment plus stupides jours après jours.
J'ai tout de même appris beaucoup d'eux. J'ai appris qu'en faisant croire aux gens qu'on allait dans leur sens, on pouvait obtenir à peu près tout ce qu'on voulait. J'ai appris que jamais personne ne suspecterait une pauvre petite fille à l'apparence douce et sensible. J'ai appris que quand quelqu'un avait quelque chose à vous apporter, il ne fallait pas hésiter à s'en servir. C'est d'ailleurs ainsi que j'ai réussi à obtenir que ma mère m'amène avec elle à son travail et m'enseigne la legilimencie.

Pour les gens, j'étais l'adorable petite Zola, la blondinette qui ne parlait jamais et obéissait toujours immédiatement à ses parents. Les seules personnes à connaître ma véritable personnalité étaient mon grand frère, Hunter, et mon cousin, Priam.
Mon frère m'avait vu grandir, il me connaissait par coeur. Il pensait comme moi, que nos parents n'étaient que deux abrutis mais lui avait toujours été très franc et juste. Ça l’exaspérait de me voir manipuler les gens ainsi mais il me comprenait donc ne disait jamais rien. Il disait que j'étais assez intelligente et qu'un jour je me rendrais compte que toute cette mascarade n'était pas nécessaire.
Priam, lui, était plus comme mon complice. C'était un garçon très intelligent et lui aussi avait compris que ce serait dommage de ne pas utiliser ses capacités pour obtenir ce qu'il voulait. Mais nous n'avions pas le même mode de fonctionnement. Il était toujours mort de rire quand il me voyait berner des gens en deux petits battements de cils et un sourire innocent. Il avait tendance à me taquiner par rapport à ça et je trouvais ça particulièrement insupportable mais il n'avait jamais rien dit à qui que ce soit et m'avait même déjà tirée d'affaires à plusieurs reprises. En échange j'utilisais mon don pour ses histoires personnelle et j'avais dû promettre de ne jamais le faire sur lui.

A mon arrivée à Poudlard, tout était déjà clair pour moi : j'allais être la meilleure partout et les personnes qui se mettraient sur mon chemin allaient valser vite fait bien fait. Il ne me fallut pas longtemps pour me faire adorer par tous les professeurs et gagner la confiance des élèves. En même temps, qui se méfierait d'une petite blondinette à l'apparence douce et sensible ?