Lux,

Ma chérie. Ma tendre Lux. Dix ans tu as. Déjà. Je ne tomberais pas dans le stéréotype de la mère pleurant l'âge d'or de son enfant. Bien au contraire. Je me sens privilégiée. Je suis fière et reconnaissante d'avoir pu passer ses dix années auprès de toi. Mon unique enfant. Tu m'as tant donné et ce soir je risque de tout te reprendre.

Je me retire, Lux. Je sors de ce monde. Non pas par choix, sache le. Tu arriveras sûrement à comprendre plus tard. Cette lettre te sera certainement flou, tu ne vas peut-être pas tout comprendre. Mais imprègne toi de mes mots, de mes lettres car elles sont véritables. La vérité te reviendra et je tiens à pouvoir t’annoncer tous mes maux de ma main.

Ton père sera là pour toi. Malgré tout ce que tu pourras lire. Je ne veux pas que tu crois que moi aussi. Parce que non. Non. Ce sont mes dernières paroles. Tu pourras chercher dans ton cœur ma présence, tu ne m'enlaceras pas. Tu pourras chercher le son de ma voix, tu ne liras que mes mots. Mais ce n'est pas une fatalité. Tu ne m'oublieras pas parce que tu ne le peux pas. Tu ne m'oublieras pas parce que je suis ta mère. Il serait cynique et absolument rédhibitoire de limiter notre amour à ma perte. Maintenant, lis attentivement l'histoire que je vais te conter. C'est l'histoire d'un homme. Je ne connais ni son nom, ni son prénom. Je ne sais rien de lui. Si ce n'est son odeur, le goût de sa peau et la texture de ses cheveux.


Il me cherchait.. Je le sais.. Pendant des semaines, peut-être même des mois, il parcourait la ville, les registres des mairies (ce sont des bâtiments moldus). Bien sur, ses efforts, jamais n'ont trouvé récompense. Nous n'étions pas du même monde. Un moldu. Et qui plus est, un mauvais moldu. Il sentait légèrement l'alcool et le tabac, il avait une barbe de quelques jours et sur son bras trônait quelques inscriptions étrangères et immobiles. Pourtant, il n'avait fallu que d'un regard, envoyé par inadvertance, pour que nos chemins se sont liés. Je traversais une rue de l'autre monde, un raccourcis. Puis il m'a bousculée. L'instant m'avait semblé durer une éternité. Je me sentais mourir. D'un geste tendre, il posa une main sur mon épaule. La suite. J'ai bien trop honte d'en parler. Je m'en voudrais toujours. Sache que de cette union je n'ai jamais pu me libérer. Bien que nous ne nous sommes jamais revu, il a toujours fait partie de ma vie. Et si ce soir je m’éteint, cette lettre à une vraie portée. Il faut que tu saches, ma  tendre Lux, que si  cet homme est resté à jamais en mes pensées, c'est parce que tu as ses yeux, ma chérie.

La vérité.

Tu comprendrais qu'elle peut être bien plus douloureuse qu'un coup de massue, qu'un doloris, qu'un chagrin d'amour. Quand elle éclate, elle détruit tout. Ton père, mon mari, n'a pas supporter. Il m'envoie sa haine en guise de cadeau d'adieu. Je pars le cœur découvert et libre. Je quitte ce monde l'esprit léger tandis que je sème la pagaille dans les vôtres.

Tu ne m'oublieras pas. Non,Tu ne m'oublieras pas car cette révélation, mon cœur, te fera me haïr. Or, dans la famille, on oublie plus facilement ceux qu'on aime. C'est de l'égoïsme. Il aurait été plus simple que j'emporte mon secret dans ma tombe. Ton père ne pourras plus te regarder et tu ne sauras plus qui tu es. Mais je n'accepte pas l'ignorance. Je veux occuper vos pensées. Je veux simplement que vous vous souveniez de moi. Et cela, de n'importe quelle façon.

C'est finit Lux. Ma tendre et généreuse Lux. Ma boule d'energie, mon rayon de soleil.

Je t'oublie. Je meurs. Je t'aime.

Madeleine Heartley.